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Christophe de Margerie

Präsident CEO von TOTAL, Frankreich
 biografie

L’engagement de la communauté de Sant’ Egidio au service de la justice et de la paix nous réunit aujourd’hui. Je remercie vivement Andrea Riccardi d’avoir souhaité m’associer à vos réflexions. Le souci du vivre ensemble qui est au cœur de la démarche de Sant’ Egidio n’est pas étranger à Total. En effet, notre mission consiste à répondre à un besoin humain fondamental, l’énergie, tout en veillant à laisser à nos enfants une planète vivable. Je me réjouis de pouvoir partager avec vous certains des questionnements éthiques de Total. J’évoquerai successivement la dimension humaine et la dimension environnementale des questions auxquelles nous sommes confrontés.

I - le Groupe Total comme réalité humaine

Total est une entreprise multinationale présente dans 130 pays, qui emploie près de 100.000 personnes de 130 nationalités. La diversité est au cœur de notre identité. S’ouvrir à chaque culture, encourager la diversité à l’intérieur de notre organisation, donner ses chances à chacun quelle que soit son origine, autant d’exigences qui font partie de nos principes d’actions.

Etre une multinationale est un atout considérable par la variété des expériences, des expertises et des talents que nous réunissons. Mais cette situation nous crée aussi un devoir d’exemplarité, celui notamment de promouvoir dans les pays où nous opérons les meilleures normes techniques, sociales ou environnementales et de traiter nos salariés ou nos fournisseurs de manière équitable partout où nous sommes présents. 

Notre activité de production de pétrole et de gaz est génératrice de grandes richesses mais la répartition de celles-ci peut être source d’injustices et de tensions. Pour tenter d’y remédier, l’action de Total s’est orientée dans deux directions, la transparence financière et les programmes de développement socio-économiques. Nous participons à l’Extractive Industries Transparency Initiative ; celle-ci a pour objet de donner aux citoyens des pays producteurs qui acceptent de jouer le jeu une bonne vision des revenus de leur pays liées à la production d’hydrocarbures. Nos programmes socio-économiques ont pour priorités l’éducation, la santé et le développement industriel et artisanal local. Ils répondent aux besoins exprimés par les communautés proches de nos sites afin que celles-ci puissent retirer de notre présence des avantages réels et durables et que nous puissions travailler auprès d’elles  en bonne intelligence; c’est ce que j’appelle l’acceptabilité.

Notre activité s’exerce parfois dans des pays difficiles, qui connaissent des conflits internes et où les droits de l’homme sont peu respectés. Nous y travaillons pour autant que nous puissions y appliquer les règles de notre charte éthique et que les lois internationales ne s’y opposent pas. Je crois pour ma part, à la lumière notamment de notre expérience birmane, que la présence de Total y est utile, qu’elle maintient une ouverture de ces pays sur l’extérieur et qu’elle peut protéger les habitants. Le découragement nous saisit parfois, à voir la lenteur avec laquelle progresse le respect des droits humains, mais partir serait renoncer à agir pour améliorer la situation.  

 

II – Le Groupe Total et la conciliation entre énergie et environnement

L’énergie est un besoin essentiel de l’homme pour se nourrir,  se chauffer, se déplacer et pour exercer des activités productives. Songeons qu’aujourd’hui 1 humain sur 4 n’a pas l’électricité. Pour répondre à la demande croissante d’énergie, que fait Total ? Nous investissons massivement pour développer de nouvelles ressources pétrolières et gazières. Nous cherchons à promouvoir l’efficacité énergétique dans nos propres installations et chez nos clients afin de ne pas gaspiller l’énergie. Enfin nous participons au développement des énergies renouvelables, en particulier dans le domaine de l’énergie solaire et dans celui de la biomasse, tout en nous intéressant au nucléaire. 

Un des grands défis auquel nous sommes confrontés est celui du changement climatique. 80 % de l’énergie mondiale est encore fournie par les énergies fossiles qui ont beaucoup d’avantages mais deux inconvénients : être non renouvelables et émettre du CO2. Une solution pour limiter ces émissions consiste à récupérer le CO2 à la sortie des unités, les centrales thermiques ou les raffineries par exemple, et à injecter le gaz sous terre dans des pièges géologiques. C’est ce que Total fait à titre expérimental dans notre usine de Lacq.

Notre métier est complexe et il n’est pas sans danger pour les hommes et pour l’environnement. L’explosion récente d’une plateforme pétrolière opérée par BP dans le Golfe du Mexique, qui a fait 11 morts et entraîné une pollution importante, est là pour le rappeler. L’histoire de Total n’est pas à l’abri de tels évènements douloureux. Notre premier devoir est d’assurer la sécurité de nos exploitations pour nos salariés, nos sous-traitants, les communautés humaines qui vivent à proximité de nos sites et l’environnement.

 

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Pour conclure, je voudrais souligner l’importance que j’attache au dialogue avec les représentants des grandes traditions religieuses. La dimension religieuse est constitutive de l’homme, elle apporte des réponses à sa quête de sens, elle est source d’initiatives très fécondes dans le champ social et politique. Les communautés croyantes sont des acteurs importants de la société civile qui nous interpellent parfois sur notre action dans certains pays et peuvent être des relais efficaces pour mettre en œuvre des programmes de développement local. Nous sommes heureux de dialoguer et parfois de collaborer au service de l’homme avec des associations d’origine confessionnelle.