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Mohamed Bazoun

Minister für Auswärtige Angelgenheiten der Republik Niger
 biografie

On ne peut pas comprendre l’Afrique subsaharienne sans prendre en compte les fonctions sociales, politiques, culturelles et éthiques des religions. Des thèses, des livres, des documents et des films ont été produits sur la question religieuse  - et sur les sociologies des cultures religieuses - qui ont peut-être souvent  laissé de côté les modernités et actualités de ces fonctions sociales des religions en Afrique. Il faudrait spécifier, pour être plus précis, de quelle Afrique l’on parle car il y a plusieurs Afriques en vérité.
La religion est un lien et un liant ; elle est reliance et autorise aussi une forme de socialisation par les rites, les langages communs et les significations qu’elle permet de rendre collectif. Elle fonde un monde et un univers de sens. Dans un monde en crise, dans des histoires chaotiques, pleines de bruits et de fureurs, où la misère et la pauvreté sont reines, les sociétés fabriquent du religieux, le ré-inventent, le produisent, le distillent pour donner du sens à l’intolérable de la faim, du dénuement, des dénis des droits fondamentaux.  La religion vécue est une culture du quotidien, des mœurs, quand la famille ou l’institution scolaire ou étatique est déficiente. Elle supplée donc aux pénuries, manques, et incomplétudes des sociétés en voie de développement. On ne peut pas comprendre la vérité, l’effectivité de la religion et du religieux si on oublie d’abord et avant tout cette fonction salvatrice, salutaire, au sens étymologique, de recouvrement de la santé (salus), et de soins à la personne. Qui se soucie mieux de l’individu en détresse que la transcendance, qu’elle soit animiste, monothéiste,, polythéiste, shamaniste, ou naturaliste ? Le sacré permet de prendre son mal en patience et de donner une vérité à l’homme en détresse. Comment comprendre l’enfant qui meurt de maladie dont ne meurt plus dans les pays du nord ?  Pour les peuples touchés par les sécheresses et les conflits des chefs de guerre causés par la soif de l’argent rapide et facile,  comment vivre et survivre ? Et comment comprendre la pauvreté et l’injustice à l’heure des Banques mondiales, des Programmes mondiaux pour l’alimentation, à l’heure des consciences écologiques, médicales, développementales mondiales  quand on est dans un pays privé de tout et laissé à l’aléa des potentats incertains?
Les religions dans leur rapport à la morale, à l’éthique, à la vie citoyenne et politique ne peuvent être tenues de façon maladroite et binaire pour des forces antisociales et contre progressives .  Elles demeurent des adjuvants dans des sociétés qui ont du mal à structurer leur quotidien ; elles sont éthiques quand elles humanisent les personnes et peuvent être alors des freins contre les intégrismes du désespoir. Quelles sont donc les fonctions des religions et les liens qui relient les sociétés et les religions en Afrique ? Quelle culture religieuse est à l’œuvre dans la société africaine en général ? et comment lutter contre les dogmatismes et les « identités meurtrières » pour reprendre cette expression d’Amin Maalouf ?

La fonction sociétale et citoyenne de la religion
La religion en Afrique subsaharienne, est musulmane, chrétienne, animiste, syncrétique ; elle est donc éclectique et non pas hétéroclite. Elle est une donnée historique fondamentale : elle structure les actes quotidiens de l’existence (naissance, mariage, décès, anniversaires, etc.) et les populations vivent dans une sacralité immanente presque inconsciente tellement elle est diffuse. L’imaginaire occidental, souvent mal informé, voit dans les gris-gris, fétiches, et autres objets sacrés des assurances, des médicaments, des succédanés de forces occultes et valant comme des substituts de puissances techniques et technologiques semblables à celles des industries et des sciences rationalisées des pays du nord. Il y a de cela, en effet ; mais ce n’est pas tout. Sans tomber dans une mystique simpliste semblable à la description d’une « aventure ambiguë », disons qu’en Afrique subsaharienne, le sacré joue un rôle constituant dans la formation des sensibilités et des esprits qui l’apparente à un rôle politique de  formation à la citoyenneté et de ciment social. Il est impensable d’être sans religion en Afrique, pour un africain : on ne peut pas être irréligieux, ou athée (même si on peut être impie et non pratiquant) du fait de sa naissance et de son appartenance  à un groupe, une langue, une famille, une collectivité, une histoire. Et ceci ne date pas que de l’islamisation ou des relations complexes entre telles ou telles chefferies traditionnelles. La religion définit par essence l’être même d’un individu : elle le fait sujet ou non des vérités et des traditions qui définissent, sauvegardent ou forment le groupe auquel il appartient avant de devenir soi-même un individu particulier.  L’individu est une invention historique propre à un mode de vie économique, social, politique, philosophique spécifique à l’Occident ;  on peut  dater sa naissance conceptuelle dès le 17ème siècle.
Au Niger, l’individu appartient à sa langue, à sa famille, à son peuple, à sa religion et une des fonctions politiques des gouvernants est d’instituer le sens civique et social ailleurs qu’uniquement dans un espace circonscrit par les pouvoirs traditionnels du religieux. Nous ne sommes pas dans un pays laïc où la séparation de la religion et de l’acte public est pensable même si la gouvernance réclame des compétences prosaïques qui laissent de côté les opinions, les obédiences et allégeances, les croyances, les espaces de la transcendance qui  sont néanmoins là partout et tout le temps, comme les dieux et les ancêtres dans les religions asiatiques. Car ce que rappelle les invocations musulmanes par exemple, c’est l’humilité et la modestie dans l’agir politique, communicationnel, culturel : l’individu est « petit » par rapport à Allah dit « grand » au sens où en dernière instance la fragilité de l’homme et de ses œuvres ne sont  que le rappel de sa condition. S’il l’oublie, la nature lui rappelle qu’il n’est rien sans ce dépassement de l’immédiat. Il y a donc un contre sens à vouloir penser le grigri, la convocation des sortilèges et des puissances divines comme un acte intuitif immanent et immédiat faisant appel à la sensibilité plus qu’à la raison ou à l’entendement, comme si l’homo africanus était un être pulsionnel ou de passions immaîtrisées et incapables de se projeter dans l’histoire ou l’avenir. C’est même le contraire que révèlent toutes ces pratiques religieuses normalisées ou sauvages, atypiques, ésotériques ou théologiquement ritualisées selon des canons et des normes qui définissent la communauté des croyants et les bonnes pratiques religieuses. En effet, la religion dit que l’homme doit penser, réfléchir au-delà de la nature qui est sécheresse, pandémie, paludisme, disette, caprice météorologique, et qui stipule qu’il ne faut donc pas s’en remettre au mektoub d’une raison paresseuse , mais convoquer les dieux et les marabouts pour éviter que la nature ne fasse son cours sans les intentions et les volontés, les désirs et les aspirations des êtres humains. L’invocation religieuse vaut comme demande d’intervention contre la nature qui peut être mauvaise, destructrice, annihilatrice, pour les sociétés en  sollicitant une intervention divine afin que la nature ne détruise les cycles de production et de culture vivrière. Il y a donc une fonction de prudence qui rappelle la présence de la toute puissance imprévisible des choses de la nature qu’il faut mettre à distance par la pratique religieuse ritualisée. Il y a aussi une fonction de régulation ou d’intermédiation de la religion : elle est ce qui permet d’agir entre les sociétés,  de solliciter les dieux, de convoquer les esprits, ou l’Unique, de demander par la prière d’ intercéder ou de recourir à sa bienveillance et sa miséricorde pour éviter le pire.  Quand on prend le taxi, quand ou part en voyage, quand on mange, quand on jeûne, quand on tousse, crache ou digère, tous ces événements doivent être mis en série et en ordre dans la grande vision du monde et de l’être qui n’a rien à voir avec un paganisme diffus ou un obscurantisme de la peur et de l’intérêt privé, même si on assiste à des utilisations  pragmatiques du fait religieux ou à des abus de pouvoirs liées aux ingénuités et aux naïvetés populaire afin de tirer profit de sa bonne foi souvent inculte.
L’ethnocentrisme fut pendant longtemps les causes de l’incompréhension du continent noir et cela dure encore. On recherche les causes de la misère dans le sous-développement mental, dans les différences ethniques, les cultures de l’altérité, une ethnophilosophie qui cache mal une peur  de l’autre, une angoisse de soi que réveille et révèle la xénophobie, quand ce n’est pas une vision racialiste et raciste des cultures. La religion en Afrique, comme elle le fut en Europe et ailleurs, prend des formes historiques mais elle transcende dans sa signification sacrée les cadres historiques de ses manifestations. Elle a donc une fonction symbolique et éthique tout à fait importante et qu’il ne faut pas occulter sous peine de violenter les consciences et les esprits des peuples.

La fonction éthico-sociale de la religion
En effet, les tabous, les croyances, les superstitions, les ignorances, les obscurantismes peuvent être des facteurs inhibant  l’accès à l’universel et à la réflexion critique, base du respect de l’autre et de la dignité des personnes dans le dialogue interculturel et interreligieux. Les intégrismes divers, partout présents dans toutes les religions de ce monde, sont souvent le fruit de replis identitaires et communautaires prenant leur source dans l’incompréhension et le déni de justice, quand ce n’est pas dans le désarroi qui mène à la folie de la toute-puissance. Se mettre à la place du Tout Puissant pour juger les êtres et donner le sens des valeurs de vie, est non seulement un péché dans toutes les religions, mais aussi et surtout une grave erreur de jugement car le monde religieux, même s’il empiète sur les actes de la vie civile et sociale, n’est pas le monde politique. Les sociétés africaines subsahariennes, diverses, multi-ethniques, polyglottes, nomades et sédentaires, analphabètes et illettrées, en grande partie, de culture vivrière sommaire et au secteur primaire très important, sont déterminées par une vision du monde marquée par la précarité et le retour du même dans les actes du quotidien (saison sèche, humide, travaux des champs, marché quotidien, hebdomadaire).  Les cadres sont tenus de respecter les aînés et les traditions, même si les évolutions se font plus vite qu’on ne le dit et remarque.  Il est clair que les tâches des dirigeants africains sont en grande partie pédagogiques : il faut expliquer, expliciter, convaincre, rassurer, mettre en œuvre des politiques économiques, sociales, éducatives, sanitaires, qui réclament des moyens et des bonnes volontés.  Ce n’est pas le lieu d’insister sur la crise qui traverse le monde et qui met l’Aide au Développement au second rang, quand ce n’est pas le dernier, des préoccupations des pays riches, et qui met à mal une coopération solidaire, équitable, juste et concertée dans l’intérêt de tous.
On peut aussi voir les religions comme des adjuvants au développement si elles sont le moyen de dialoguer entre les frères ennemis, comme ce fut le cas en Afrique du sud. La religion n’est pas une maladie des pauvres ; doit-on rappeler l’importance de celle-ci en Italie, aux Etats-Unis, ou en Allemagne ?
La religion peut être l’alibi de toutes les violences pour s’emparer des biens d’autrui, comme pour justifier sa propre volonté de puissance.
La commémoration malheureuse du 11 septembre a aussi, ici, à Munich, une connotation historique et civilisationnelle double :
1/rappeler les valeurs promues par les religions dans leur fondement (ce qui n’est pas fondamentaliste comme attitude) qui sont celles de justice, d’amour pour l’humanité, d’entraide solidaire, de bienveillance et de sollicitude humble pour le souffrant et le démuni. En Afrique, ces valeurs ont permis au Continent malgré les grands malheurs de l’histoire et du présent de structurer les sociétés civiles par l’entraide, avec des risques de népotisme et de féodalisme si on maintient des structures par trop dépolitisées et privatives d’aide informelle aux populations
2/instituer des rappels d’œcuménisme, de fraternité universelle, de commune appartenance à une même famille humaine soumise aux mêmes destins (naissance, croissance, maladie, chômage, solitude, mort) dans le temps et aux mêmes aléas des déterminismes sociaux et historiques contre lesquels parfois il faut se mobiliser pour éviter que la société ne soit le reflet de la nature irrationnelle, terrible, sublimement indifférente à nos vœux et nos fins, comme le montrent les grandes catastrophes liées au changement climatique et la désertification tragique au Sahel.
La fonction éthique de la religion consiste à faire en sorte que les peuples ne se laissent pas aller aux affects de peur, de vengeance, de ressentiment, de tristesse et qu’ils n’oublient pas que les commandements prônés par les religions sont avant tout des progrès de l’esprit humain fuyant les ténèbres de notre condition fragile : il y a au-dessus de l’immédiat des fins auxquelles nous sommes tenus de répondre par des engagements en tant qu’être non soumis totalement aux déterminismes naturels. En tant que nous sommes libres, nous avons le devoir d’améliorer les conditions de vie là où elles sont inhumaines ou impossibles selon les valeurs et les idéaux qui sont à l’origine des religions et des civilisations qu’elles portent ou qu’elles ont nourries durant des siècles. Il ne faut jamais oublier que l’homme est à humaniser et qu’il devient humain en reconnaissant des Idées qui le grandissent et l’élèvent au double sens du mot élever : à la fois éduquer et transcender.
 La transcendance ne s’épuise pas dans le moment historique de son apparition. Il ne faut donc pas confondre le religieux avec la religion et effacer les dimensions philosophiques et politiques universelles qui sont exprimées de façon médiate dans le fait religieux et l’acte de foi en lui-même. De même qu’il ne faut pas confondre la théologie, fût-elle la moins dogmatique, avec la sagesse donnée par la méditation spirituelle et la foi en la valeur sacrée de la vie. C’est pourquoi on ne peut décemment réclamer d’une religion qu’elle reprenne le cours de l’histoire là où elle n’est plus. Cet anachronisme débouche souvent  sur le fanatisme. De même, le religieux n’a pas à s’absoudre de ses devoirs dans  le monde. Il faut rendre à César ce qui est à César. Ni plus, ni moins.  L’être humain n’est pas réductible à son avoir et n’est pas une marchandise ; de même que l’être de l’homme ne peut être humanisé sans les soins  et la satisfaction des besoins fondamentaux sous peine d’être sous-humanisé et de devenir alors un être inhumain vivant une vie nue sans but ni sens. La vie, la liberté, l’intelligence vraie, ne sont pas des objets de consommation et des biens périssables.  Il nous faut retrouver cette humanité des cultures et des valeurs partagées dans un dialogue où les différences sont des éléments de compréhension et d’intelligibilité de l’autre plus que des impasses et des ruptures de communication insensées.
C’est pour cela que nous avons le devoir d’aimer l’Humanité, ce qui veut dire apprendre à vivre les différences avant qu’elles ne deviennent des contradictions mortelles et mortifères. Par une instruction idoine, les échanges culturels, les dialogues axiologiques, les rencontres intercultuelles, nous pouvons éduquer à la compréhension réciproque et au travail de soi sur soi par respect de l’autre et pour nous rendre dignes de l’humanité déposée en nous et qui (nous) convoque vers l’essentiel.
Quel est cet essentiel qui nous rassemble dans nos différences ? Quel est ce Bien commun par lequel nous sommes rendus à notre égalité ontologique et anthropologique ?
Cet essentiel est simple et est affirmé par toutes les religions du monde et dans toutes les sagesses, fussent-elles corrompues par des opinions changées en propriété identitaire : les vies, les connaissances, les libertés, ne sont pas des valeurs monnayables et échangeables. Ce ne sont pas des objets de consommation et des biens périssables. Il est urgent d’en appeler à une paix culturelle et religieuse mondiale et universelle pour éviter les attentats aveugles et les massacres des Innocents où et quels qu’ils soient. Le Bien commun mondial est la volonté de vie bonne, juste, digne, décente, désiré par chacun dès qu’il se tourne vers sa fragile humanité en lui et hors de lui, dès qu’il se concentre et qu’il ne se disperse plus dans les divertissements et les passions obscures qui régissent trop souvent les actions  les plus criminelles. Comment apprendre le souci de l’autre, l’attention au lien et au liant social, le respect des droits des personnes humaines, cela qui initie le dialogue interreligieux et interculturel, sinon par une politique éthique qui fasse le pari de la paix des âmes et des corps au nom d’une humanité réconciliée avec elle-même et non plus en division sur l’essentiel?
Il faut faire le pari que toutes les religions et les cultures veulent le Bien commun dont nous parlons et qui ne soit pas l’expression unique d’un coup de force malheureux de l’une ou de l’autre, mais, bien plutôt,  le choix concerté et concertant, dans l’harmonie et le dialogue, d’une politique des valeurs  valable pour chacun et pour tous. Cela passe par une attention et une aide aux plus démunis et une requalification de l’histoire du monde qui ne se réduit pas à une opposition diabolique et imaginaire entre « civilisés » et « non civilisés » , ou, entre « bonnes et mauvaises cultures », encore moins à une vision binaire de l’humanité divisée entre « peuples rationnels versus peuples intuitifs ». Un retour au réel de notre histoire commune est nécessaire afin de ne pas tomber dans une virtualisation sommaire du monde. Pour cela, les dialogues interculturels et interreligieux, comme les rencontres au niveau planétaire sont plus que pertinentes.

Le rôle du Niger dans le concert des peuples et des sociétés :
Nous sommes voués à vivre ensemble. Ce vivre-avec est un vivre-pour. Le dialogue interreligieux institue la transcendance comme commune ascendance de l’humanité vers elle-même comme point à venir, et comme idéal promu par toutes les religions de bienfaisance et d’amour entre les humains. Les difficultés matérielles des populations africaines, réelles, injustes trop souvent, ne doivent pas faire oublier qu’elles ne sont pas des sociétés matérialistes, au sens le plus trivial du terme. Non pas que les choses de la vie quotidienne sont négligées et négligeables, mais au sens où ce qui structure la vie en société est le collectif, l’assemblée des êtres humains soumis aux mêmes tribulations et aux mêmes contraintes métaphysiques. Les distinctions de classe, de sexe, de culture, sont des réalités certaines et elles sont souvent ce qui motive les exactions et les violences les plus condamnables. Et on sait que, comme dit l’adage populaire, «  ventre affamé n’a point d’oreilles », mais il ne faudrait pas oublier aussi que ventre repus n’a plus de cœur trop souvent . D’où la nécessité du jeûne, de l’ascèse, pour ramener l’esprit à lui-même et le concentrer sur l’essentiel en cette vie, quand il est dans l’oubli de soi.
Le Niger vit avec plusieurs communautés, religions, ethnies, langues, mœurs. Le pays a connu des dissensions comme beaucoup d’autres pays dans la sous-région ; mais en Afrique subsaharienne, la pauvreté déstabilise les sociétés civiles car les États sont pauvres ou déstructurés. Ils dépendent de la bonne volonté des partenaires extérieurs et donc des conjonctures extraterritoriales. La pauvreté endémique est donc un fléau porteur de crises tragiques.
L’homo africanus n’est pas belliciste par nature. La guerre est la politique continuée par d’autres moyens. Il faut dont faire une autre politique que celle du règlement des conflits par la force militaire.  Les cultures des armées et des armes doivent être au service de la paix et non pas des aveux de faiblesse d’opinions et de dogmes totalitaires agressifs et brutaux s’affirmant contre les peuples. Il est donc plus que nécessaire que les cultures dialoguent entre elles, pour elles, même et surtout si elles ont des valences en apparence opposées. Car les dialogues de valeurs ne sont jamais des combats mortels mais des chances pour l’humanité et la paix dans le monde. Et une paix achetée par la guerre n’est pas une Concorde vraie mais la promesse d’une guerre à venir. Par la résolution pacifique des conflits et par le retour à une vie civique, sociale, politique, constitutionnelle, normale, le Niger a su faire preuve d’une sagesse en ne refusant aucune bonne volonté, aucune religion, aucune culture quand ces dernières vont dans le sens de la solidarité et de l’amélioration de l’humanité en chacun de nos citoyens. Par delà le cas exemplaire de notre pays, ce dialogue interculturel et interreligieux concerne chacun de nous en cette vie circonscrite par le mystère de sa fin et celui de son origine. C’est pour cela que le dialogue des religions et des cultures est porteur d’avenir et que la responsabilité éthique de son maintien permanent au service de la paix dans le Monde nous incombe et nous engage de façon imprescriptible.