7 Octobre 2021 17:00 | Colisée

Intervention d'Andrea Riccardi



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Andrea Riccardi

Historien, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio
 biographie
Votre Sainteté, Distingués Représentants des Religions, Autorités, Chers Amis,
des croyants de diverses traditions religieuses se sont réunis à Rome. Si la rencontre organisée par Jean-Paul II à Assise en 1986 a marqué un tournant, de nombreux progrès ont été réalisés depuis. Pour ceux qui connaissent un peu l'histoire, il est surprenant de voir comment des croyants, autrefois très éloignés les uns des autres, se rejoignent : ils sont avant tout convaincus aujourd'hui que les problèmes de l'humanité doivent être abordés ensemble et sur un plan mondial. Je veux témoigner du fait que les dures leçons de la pandémie ont fait prendre conscience aux religions de la nécessité de travailler ensemble, comme jamais auparavant. Je l'ai ressenti dans le langage et le dialogue de ces jours-ci : quelque chose de profond a changé. Les religions estiment qu'elles doivent avancer ensemble vers l'avenir, car "le monde d'hier n'existe plus", a déclaré le patriarche Bartholomée, fin observateur de notre époque.
 
Une préoccupation commune est apparue : la paix ! Vous, Saint-Père, avez tiré la sonnette d'alarme : "La guerre n'est pas un fantôme du passé, mais au contraire elle est devenue une menace constante". La guerre n'est jamais une solution. La disparition des témoins de la Seconde Guerre mondiale a affaibli la conscience de l'horreur de la guerre. La dureté des relations entre les pays, la revalorisation de la force comme outil politique, sont l'expression d'une culture de la violence dont fait partie une politique prédatrice envers l'environnement. Des prédateurs, concentrés sur leurs propres intérêts, oubliant que la maison commune de la terre appartient aussi aux générations à venir. La récente pandémie a montré à quel point les gens sont connectés et impliqués dans un destin mondial.
 
Face à un monde qui doit se renouveler, des visions limitées et un sentiment généralisé d'impuissance sont manifestes. Cela génère de l'indifférence. Les religions, en revanche, nous rappellent que le comportement de chacun n'est pas indifférent à son propre "salut" et à celui des autres, ainsi qu'à celui de la terre. 
 
Leur message est : "Je suis responsable" - a dit le rabbin Goldschmidt. Les actions individuelles et collectives manifestent le réveil des énergies spirituelles et de la solidarité, conscients que la spiritualité et la solidarité marchent ensemble. Les religions manifestent la force faible de la prière. Ils promeuvent un mouvement renouvelé de personnes responsables envers les autres, capables de désarmer de sa violence le climat qui nous entoure, de parcourir des petits et des grands chemins vers la paix. Il était bon de voir la contribution de tant de jeunes pendant ces jours : ils ont pris la parole, bafouée par le silence de la pandémie et l'arrogance des adultes. Je remercie les nombreux bénévoles, jeunes et moins jeunes, qui se sont impliqués dans ces journées, qui nous ont donné le sentiment d’être une Communauté. 
 
Nous souhaitons un monde de fraternité et de paix. Comme l’a si bien exprimé le Document d'Abou Dhabi, dont je salue l'un des protagonistes, le Grand Imam Ahmed Al Tayyeb, un homme d'une grande sagesse. Nous avons vécu une période douloureuse de pandémie, pas encore terminée : nous avons vu la fragilité d'un monde. Nous sommes au rendez-vous d'un monde nouveau, décidés à conserver la douloureuse leçon de l'histoire des femmes et des hommes, décidés à le construire avec tous, surtout les pauvres et les jeunes.